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Judaïsme et christianisme : Faux jumeaux

On présente souvent le judaïsme comme religion-mère du christianisme. Mais il serait sans doute plus judicieux de parler de deux branches distinctes d’une tradition commune – c’est-à-dire de fausses jumelles en dialogue constant l’une avec l’autre, fût-il souvent polémique.

© Pascal Monteil, Le Pape – www.pascalmonteil.net

Habitués que nous sommes au dialogue interreligieux et aux amitiés judéo-chrétiennes qui témoignent d’une volonté d’échange partagée et d’un désir de panser les blessures de l’histoire, il nous arrive souvent d’entendre nos amis chrétiens parler de « religion mère » et de « religion fille », afin de désigner une relation d’ordre quasi généalogique entre le judaïsme et le christianisme. À première vue, il serait aisé d’adhérer à cette description, puisque ces appellations aux connotations affectueuses semblent nous rapprocher, affirmer l’existence d’un lien fort entre deux systèmes de croyances et de valeurs, marquer la reconnaissance d’une dette d’ordre intellectuel et religieux envers la « religion mère » en question, et enjoindre à la bonne entente. Pourtant, cette description nous semble largement erronée, à la fois sur le plan historique et d’un point de vue philosophique et théologique.

S’il existe assurément un lien spirituel fort entre nos deux religions, il ne s’agit pas pour autant d’un lien de filiation, approche qui tendrait d’ailleurs à célébrer dans la religion chrétienne la digne héritière de sa mère, la juive, au risque de frapper le message de celle-ci d’inanité ou de lui retirer ce qu’elle a de distinct et de spécifique.

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