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L’arche de Noé, bateau-livre

Le rabbin Marc-Alain Ouaknin s’est penché sur l’Arche de Noé, pour écouter la poésie qu’elle laisse dans nos âmes d’enfants et dans nos rêves d’adultes. Le designer Élie Papiernik l’accom – pagne en dessin.

Une petite métaphysique de l’ours en peluche

Quarante jours et quarante nuits

Il pleut souvent dans ma mémoire, et je pense à Noé, ce héros biblique sans doute emprunté à la mythologie mésopotamienne.

*

Ma mère, le soir, nous lisait souvent l’histoire de ce survivant avant de dormir.
Le bateau-livre se transformait en bateau-ivre qui dansait sur l’eau et se laissait emporter, ballotter, trans- bahuter par les courants, flots et contre-flots, vents et contre-vents, vagues et contre-vagues…

Plus une terre à l’horizon,
plus une vallée,
plus une montagne, plus un arbre.
Rien !
De l’eau à perte d’yeux.
De l’eau le jour, et de l’eau la nuit.
De l’eau…

Puis après quarante jours la pluie s’arrête de tomber, aussi sec (si l’on peut dire) qu’elle était venue. Et après cent cinquante jours de cette apocalypse maritime, l’eau refait place à quelques miettes de terre et le bateau dessoûlé se pose sur le crâne d’une montagne, et ainsi prend fin la chevauchée fantastique…
Le bateau s’arrête.
À partir de là, Noé compte encore quarante jours et il ouvre enfin les fenêtres et tous les hublots de son bateau. Les animaux peuvent à nouveau déambuler.

Noé ouvre donc les fenêtres de son bateau-livre et les mots enfermés dans leur cabine pendant une grande partie du déluge, commencent à prendre l’air.

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