
Entretien par Anna Klarsfeld
Pourquoi avoir choisi ce sujet de recherche ? Qu’est-ce qui a déclenché votre intérêt pour la question ?
J’ai écrit ma thèse en 2003 sur le sujet du non-désir de maternité. Beaucoup de femmes que j’ai interviewées m’ont dit qu’on leur promettait sans cesse qu’elles finiraient un jour par regretter ce choix (sous-entendu quand elles seront vieilles et seules !). Pour moi, il s’agit d’une utilisation politique des émotions pour mettre ces femmes dans le « droit chemin ».
En tant que sociologue, je me suis demandé si ce regret pouvait aussi exister dans l’autre sens ; si certaines femmes ayant eu des enfants le regrettaient. Mon intuition était que ça devait être le cas, car il me semble qu’il n’y a rien dans la vie qu’on ne puisse pas regretter. Je me demandais pourquoi on n’en entendait jamais parler, cela m’intriguait.
D’après vous, pourquoi, dans des sociétés où l’accès à la contraception s’est démocratisé et où l’avortement a été légalisé, des femmes regrettent-elles d’être devenues mères ? Y a-t-il une cause « typique » qui se dégage (rupture, carrière empêchée…) ?
Les histoires de ces femmes n’ont en général rien de particulier.