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Les Ashkénazes viennent-ils vraiment du Caucase ?

© Udi Charka, Untitled, 2016, Ink on paper, 76x57cm – Courtesy Givon Art Gallery, Tel Aviv

L’hypothèse selon laquelle les Juifs ashkénazes seraient les descendants des Khazars ne cesse d’être démentie, mais elle a encore la vie dure. Les Khazars étaient un peuple semi-nomade turc d’Asie centrale qui a existé entre le vie et le XIIIesiècle. D’après des sources médiévales, comme la Correspondance Khazar, la classe dirigeante, emmenée par le roi Bulan, se convertit au judaïsme rabbinique vers l’an 750. Cependant, l’étendue de cette conversion reste incertaine, de même que les preuves reliant les Khazars aux Ashkénazes. Les historiens, anthropologues et même les généticiens qui se sont penchés sur la question ne parviennent pas à confirmer la filiation.

Il semble que la première source à évoquer le lien soit l’intellectuel ukrainien Isaac Baer Levinsohn, qui estimait que les Ashkénazes parlaient le russe avant le yiddish. C’est un autre juif, Abraham Eliyahu Harkavi qui, en 1869, suggère un lien entre les deux groupes, soutenu trois ans plus tard par un Karaïte de Crimée, Abraham Firkovich.

Mais l’hypothèse a véritablement gagné en visibilité et en crédibilité dans le monde occidental sous la plume d’Ernest Renan. En 1883, il donne une conférence intitulée « Le Judaïsme comme race et comme religion » devant le Cercle Saint-Simon à Paris et affirme que la conversion a joué un rôle essentiel dans la formation du peuple juif :

« Cette conversion du royaume des Khazars a une importance considérable dans la question de l’origine des juifs qui habitent les pays danubiens et le midi de la Russie.

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