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Les Juifs sont-ils des centaures ?

Au commencement de notre tradition et de nos textes était la séparation. Mais les personnages qui peuplent nos récits, loin de cette pureté revendiquée par les mots, sont des êtres profondément hybrides, comme nous le dévoile Gabrielle Halpern.

© Katharina Gaenssler – photo by © Florian Holzherr – www.katharinagaenssler.de

AU COMMENCEMENT, LORSQUE DIEU CRÉE L’UNIVERS, tout n’est que séparation et distinction:
– Il sépare les eaux du ciel d’avec celles de la terre,
– Il crée les plantes et les animaux, chacune et chacun selon son espèce,
– Il opère une distinction entre les jours de la semaine: ceux où l’on travaille et celui où l’on ne travaille pas .

Ainsi la création divine est-elle une mise en ordre, une différenciation. Au commencement était la séparation ! Et elle se poursuit, se développe, se déploie, tout au long du Pentateuque:
– Il convient de séparer les tissus,
– Il ne faut pas planter des graines hétérogènes,
– Il faut faire entrer dans l’arche de Noé les animaux, selon leur espèce et leur race,
– Il est interdit de mélanger certains aliments,
– Il faut séparer le pur du profane, etc.

Tout semble n’être que séparation… Comme si elle était synonyme de purification, de bénédiction, de création, d’émancipation. Est-ce à dire que Dieu n’aime pas les mélanges ? Aux origines du judaïsme, en tout cas, tout semble l’indiquer… Mais si le texte et le contexte illustrent à maintes reprises ce rejet du mélange, les personnages qui les habitent sont des êtres profondément hybrides, comme s’il y avait un apprivoisement progressif du mélange.

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