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Lettre à mes enfants à venir

Mes enfants,

Je vous écris, alors que vous n’êtes pas encore nés et que vous ne naîtrez probablement pas avant plusieurs années. Je vous écris parce que – avec ma tendance naturelle à la rêverie et à l’anxiété – je me pose déjà mille questions à votre sujet. Mille questions, et une en particulier : celle de votre judéité.

Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité que j’ai moi-même été élevée dans une famille où les traditions s’étaient étiolées. Alors je m’interroge : pour- rai-je vous transmettre des pratiques dans lesquelles je n’ai pas baigné ? un shabbat que je n’ai jamais observé ? des prières que j’ai si rarement récitées ? Et, dans ce contexte, la transmission de ma judéité est-elle possible, est-elle même envisageable, si votre père ne l’a pas en partage ?

J’ai toujours trouvé très parlant le dicton rabbinique selon lequel est juif, non pas celui dont la mère l’est (ce qui serait presque trop facile!), mais celui dont les enfants, voire les petits-enfants le seront. Autrement dit, celui qui assure une continuité dans la transmission à travers la chaîne des générations. Or cette continuité, pourrai-je, seule, l’assurer ? Pourrai-je vous transmettre assez de ma judéité pour que vous, vous en soyez à votre tour les passeurs, si votre héritage n’est qu’un héritage « à moitié » ?

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