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L’étude comme co-naissance

Longtemps, – et encore trop souvent, la drasha, cet exercice de commentaire de texte pourtant essentiel au rite de passage qu’est la bar et bat mitsva, était écrite à la place de l’adolescent par un rabbin ou un parent. Pourquoi est-il si important, au lieu de s’y substituer, d’accompagner ce travail, et comment ?

Depuis que le judaïsme se conçoit comme une « religion1 » on la désigne en hébreu par le terme de daat, « connaissance. » De quelle connaissance parle-t-on ? Connaissance des textes et des rites ? Connaissance du divin, de la « vérité », de la vie, de soi ?

Les sociologues ont tendance à distinguer ces deux types de connaissance, pragmatique et spirituelle, en parlant de religion et de mystique2. Le religieux s’occuperait de connaissance au sens matériel – comme l’indique la double étymologie du mot religion : religio, de religere, « relire – les textes », et religare, « se relier à Dieu par le rite. » Le mystique, quant à lui, rechercherait la « connaissance » au sens spirituel : il s’occuperait, comme le décrit Buber, de « la relation d’un homme vers ce qui est ressenti comme Dieu »3.

Cette connaissance-là, même si elle passe souvent par l’étude des textes, ne les prend pas pour fin. Elle ne vise pas à une connaissance au sens intellectuel du terme, car celle-ci court toujours le risque de scinder la pensée du corps, l’intellect des émotions et la raison de l’âme, dissociations parfois dangereuses lorsqu’on se targue de l’autorité d’une tradition.

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