Mauvais coups

Quand mon boss m’a dit « Sharon, Tenou’a nous demande un papier sur le thème Y a-t- il un sex-appeal juif ? pour son prochain numéro consacré à la sexualité juive, tu t’y colles ! », je lui ai répondu « Je ne vais quand même pas pondre un article autobiographique, la décence a ses limites ! ». J’ai alors repensé à mes ex. On ne va pas se la raconter, les Juifs sont de mauvais coups.

N’en déplaise aux lecteurs qui s’insurgeront à tous les (mauvais) coups en me lisant, mais pour avoir testé un échantillon très représentatif de notre communauté mosaï(n)ique, je puis l’affirmer au plus profond de mon être.

Des Ashkénazes aux Séfarades, il n’y en a aucun pour rattraper l’autre. Mais les deux ont en commun le traumatisme de la circoncision qui les poursuit ad vitam æternam tout au long de leur vie sexuelle. À croire que la (que)quête d’un bout de peau enterré ils ne savent où par leur géniteur les transformeraient en Harrison Ford frustrés, à la recherche éternelle du prépuce perdu.

Passons rapidement sur la légende du circoncis dont les « performances » seraient bien supérieures à la moyenne des goys non-circoncis. La précocité est l’une des qualités, si l’on peut dire, de nos coreligionnaires. À croire que si les performances des athlètes juifs côté courses de vitesse n’ont jamais été reconnues sur les podiums olympiques, celles de mes amants juifs n’ont rien eu à envier à Usain Bolt. Ce magnifique athlète jamaïcain multimédaillé s’est récemment fixé pour objectif de passer sous la barre des 19 secondes au 200 m, ce qui n’est pas sans me rappeler un certain Yoni Benhamou que j’eus le malheur de pécho une nuit d’ébriété avancée chez Castel.

Quid des Ashkénazes au lit ? Double peine ! Vous n’êtes ni sa maman, encore moins Beate Klarsfeld, son fantasme absolu, allemande et juive par procursion. Je sais, vous allez m’accuser de caricaturer, mais quand Raphaël Finkelsztajn et autres névrosés de compétition m’expliquaient qu’ils avaient besoin de se concentrer pour se mettre en jambes, les miennes se mettaient rapidement à mon (mauvais) cou. Nous ne jouissions pas dans le même camp.

Écartons le sujet des Yeke, la raideur du juif allemand et autres juifs alsaciens, si légendaire soit elle, n’a rien d’une réalité sous la couette. Une choucroute sans saucisse n’a définitivement aucune saveur.
Côté séfarade, ce n’est hélas pas plus reluisant. J’ai eu beau hurler « Mellah moi ! » à maintes reprises, rien n’y faisait, qu’il soit originaire du Maroc, d’Algérie ou de Tunisie (malgré les différences notoirement affichées, notons une unité parfaite chez les « mauvais coups » séfarades !). Frustration et machisme sont les deux mamelles du juif d’Afrique du Nord – bonnet A comme Ashkénaze – qui a hélas bien plus pris côté Nord que côté Afrique, question température.

EN RÉSUMÉ :

L’ASHKÉNAZE, EN BON PETIT GARÇON, CULPABILISE D’AVOIR UNE ÉRECTION. IL NE VEUT PAS DÉCEVOIR SA MAMAN.

LE SÉFARADE, PATRIARCHE DANS L’ÂME, A PEUR DE NE PAS AVOIR D’ÉRECTION. DE CRAINTE DE NE PAS ÊTRE À LA HAUTEUR DE SON PAPA.

Vous allez sans doute me rétorquer que je généralise à outrance, que votre compagne est épanouie, vous également, et qu’il n’y a pas de « mauvais coups », juste des expériences sexuelles ratées par manque de complicité. Et vous n’aurez pas totalement tort. Ni complètement raison. Même si certains se reconnaîtront, et que certaines sauront bien que la vérité sort de ma bouche. Je sais, c’est parfois dur à avaler.

  • Stéphane Habib

Autour de Portnoy

Lors de sa publication en 1965, le troisième roman de l’écrivain américain Philip Roth, fit grand bruit. Avec Portnoy et son complexe, l’auteur américain livrait un récit polémique et subversif, tant par ses descriptions sexuelles crues que par son personnage empêtré dans des obsessions sans fin. Pourtant, ce texte est aussi celui d’un regard tendre et subtil sur la société juive américaine d’alors. Pour Tenou’a, le psychanalyste Stéphane Habib se livre à un exercice littéraire inédit: nous relater un entretien fictif entre le Dr Else Babel, une jeune psychanalyste de son invention, qui porte la contradiction au Dr Spielvogel (le psychanalyste de Portnoy dans le roman).

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