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Observer les animaux

Placer l’homme tout en haut d’une hiérarchie du vivant est une démarche à la fois délicieuse et dangereuse, une représentation dont il faut se méfier.

Le tout premier acte d’Adam, dans la Genèse, est de nommer les animaux autour de lui. Il est remarquable que le premier homme agisse ainsi en anthropologue ou en éthologue [l’éthologie est l’étude du comportement des diverses espèces animales]. Le premier homme observe le monde qui nous entoure et définit des catégories.

Pour nommer le monde, il faut, bien entendu, posséder le langage : seuls les mots permettent à l’homme de construire des représentations du monde. En tant qu’éthologue, j’ai souvent eu l’occasion de le dire ou de l’écrire : plus on observe les animaux, plus on comprend l’homme.
Observer les animaux, c’est d’abord comprendre par analogie ce qu’on partage avec eux, la nature, le fonctionnement du corps, la biologie. C’est aussi comprendre ce qui nous différencie d’eux, comprendre ce qui nous est spécifique, justement à travers la parole.

De très nombreuses pensées, et philosophies ont cherché à définir un « propre de l’homme ». La question est complexe. L’homme en réalité est « propre » en toute chose – non seulement par la parole ou la pensée, mais aussi par sa biologie. Nous le savons, le cerveau humain ne fonctionne pas exactement comme celui des animaux ; il est d’une plasticité étonnante.

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