Quand le mental fait mal

L’édito de la rédaction

Si, aujourd’hui, l’expression « santé mentale » est partout, c’est paradoxalement en grande partie en raison de la menace qu’a fait peser la pandémie de COVID sur notre santé physiologique. À un moment où il n’était question que de détresse respiratoire, de réanimation, de services funéraires débordés et de confinement sanitaire, nous découvrions que la « bonne santé » ne se limitait pas aux des organes fonctionnels.

Cette idée avait beau ne pas être nouvelle (les Romains ne disaient-ils pas déjà, sous la plume satirique du poète Juvenal « un esprit sain dans un corps sain » ?), elle prenait là une autre dimension, plus urgente, plus concrète. Surtout, nous nous rendions compte que, comme pour la santé physiologique, tous, à un moment ou à un autre, nous souffrions de petits bobos ou de pathologies plus sévères, qu’aucun de nous n’était, pour toujours, à l’abri d’un pépin de santé mentale.

Nous avons voulu, d’abord tenter de comprendre ce que recouvre ce concept assez flou et si vaste, grâce à Mickel Worms-Ehrminger, docteur en santé publique et créateur du podcast « Les Maux bleus ». Nous voulions comprendre si on parlait de folie, de maladie, ou de tout autre chose, comprendre l’explosion nouvelle des cas de burn-out, d’addictions, de décompensations, d’isolement, de détresse en fait. Et de pathologie, il peut en être question, bien sûr, comme lorsque la psychologue Hana Lévy-Soussan raconte les révélations religieuses qui peuvent assaillir le psychotique. Comme lorsque Gabriel Abensour évoque le passage à l’acte le plus dramatique qui soit, le suicide, ou que le rabbin Yeshaya Dalsace s’inquiète des ravages des addictions.

Noémie Issan-Benchimol s’intéresse aux obsessions compulsives qui trouvent parfois dans la pratique rituelle stricte un terreau fertile ; et Sarah Musto à la charge mentale qui peut peser plus lourd encore et friser le burn-out à l’approche de Pessah. Sarah Abitbol et Johan Zittoun, qui travaillent avec des ados en difficulté à l’OPEJ, s’alarment de l’isolement social grandissant quand Nathalie Zajde s’attache à réparer les âmes blessées par l’histoire terrible de leur famille.

Si, avec la psy Judith Toledano-Weinberg, on se demande s’il est bien sage de bannir le tourment de nos vies, on peut même chérir sa dépression à l’image de Laurent Sagalovitsch, ou trouver dans la Torah une source de réconfort, comme Anna Klarsfeld. Ou, pourquoi pas, se mettre au service du deuil en intégrant une société rituelle funéraire comme Sally Berkovic, ou encore pratiquer la méditation « de pleine conscience » avec Mira Neshama Weil.

Et pour ceux qui veulent s’aérer l’esprit, nous vous invitons, en deuxième partie de ce numéro, à découvrir nos conseils littéraires et cinématographiques, de belles rencontres et quelques articles d’actualité que le site de Tenou’a et son Lab vous proposent désormais.

Bonne santé !