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Qui sait ?

La danse requiert une concentration maximale, une connaissance intime de son corps et de ses aptitudes mentales. Contraint par son corps dont il ne peut abolir les frontières, le danseur cherche à l’habiter pleinement en mobilisant l’ensemble de ses facultés sensorielles: « Oui, je suis présent. Et ce qui me frappe à ce moment, c’est que je ne peux aller plus loin. Comme un homme emprisonné à perpétuité – et tout lui est présent », dit Camus dans L’Été. Singulier instant, où l’esprit du danseur trouve sa raison dans le corps en mouvement. Le geste embrase le temps, qui cesse sa progression linéaire pour s’incarner dans le corps et se déployer dans l’espace. La beauté de la danse tient à cette quête mystique du geste parfait comme voie d’accès à « l’éternité » : elle densifie l’instant et menacerait de le faire éclater sans ce jeu subtil de l’artiste avec l’immédiat.

Les déclinaisons de ce jeu sont multiples et bien souvent, d’inspiration religieuse. Balancement du fidèle lors de la prière juive, qui ajoute aux scansions du texte, les tensions de son corps en mouvement. Rituels corporels imposés au Grand Prêtre à l’approche de Yom Kippour avant de pénétrer dans le Saint des Saints, de se confronter à Dieu et d’en prononcer le nom sacré.

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