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Se parler ou mourir

© Elad Rosen, Strawberrys War, Diptych, Acrylic on canvas, 120 x 100 cm
Courtesy of Rosenfeld Gallery, Tel Aviv

Je suis toujours méfiant lorsque, d’un coup, des pans entiers de la société se mettent à partager leur avis, forcément très tranché, sur des questions qui ne les concernent pas et dont ils ne sont pas instruits. Ces débats qui virent le plus souvent à l’anathème, où chacun est sommé de prendre parti, où chaque camp, plutôt que d’écouter l’autre sans le disqualifier a priori, cherche à écraser l’autre et à excommunier les modérés de son camp, les traîtres à la cause, ces débats-là, on l’a vu avec celui sur le mariage pour tous en France, sont des moments de libération incontrôlée d’une parole souvent haineuse, humiliante et blessante. Dont nul ne sort grandi.

En soi, on pourrait se dire que ce n’est pas si grave, que les mots passent plus sûrement encore que les maux mais c’est en oublier l’essentiel : durant tout ce temps, il y a des gens qui souffrent et, plus on détourne le débat pour en faire une bataille idéologique, moins on s’occupe de ceux qui sont réellement en souffrance. Souvent, il est tellement plus simple de tomber à bras raccourcis sur quiconque n’est pas entièrement d’accord avec soi que de se poser honnêtement les questions des raisons de ces souffrances voire, simplement, de reconnaître ces douleurs.

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