
Je me vis offrir, il y a huit ou neuf ans, d’assister à un cours de Talmud fort matinal. J’habite à New York et je fréquentais à l’époque une synagogue où je faisais à peu près figure de schnorrer [mendiant]. R. B. était très frum [pratiquant] mais il aimait la langue française et les lettres : cela avait suffi, ma foi, à faire s’imaginer à ce vieil homme que j’étais digne de me joindre à son groupe. Rendez-vous fut pris. C’était un matin d’hiver et l’adresse qui m’était donnée était – chose que j’ignorais alors – celle d’un diamantaire qui, tous les jours de semaine, à cinq heures, réunissait ainsi quelques amis, collègues et connaissances pour s’adonner à l’étude. J’avais marché de l’Upper West Side jusqu’au sud du parc et le hasard fit qu’à un pâté de maison près, j’atterris, sans y prendre garde, au lieu de l’immeuble qui m’avait été indiqué, dans un hôtel : j’étais, avouons-le, fort mal réveillé, et ne savais rien de l’immeuble en question. Je ne fus donc pas surpris de me trouver dans un hall assez pompeux à la réception duquel je n’eus plus qu’à demander le nom mentionné par R.