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Sémite je suis

Avner Ben Gal, Look at te mirror, 2018 Courtesy Givon Art Gallery, Tel Aviv

Il y a des mots qui me sont désagréables. À l’oreille, et en pensée. Que je n’aime ni lire, ni écrire, et alors surtout que je n’aime pas entendre ou prononcer. Je ne me l’explique pas, et ce n’est, d’aussi loin que je puisse pousser l’introspection, ni lié à une honte ou à une gêne. Non, c’est juste comme ça.

Le mot sémite est de ceux-là. Sa sonorité est hypocrite: elle commence doucereusement et s’achève par un couperet, sec et lâche. Inachevé. Et, chose drôle, l’étrangeté de ce mot finit pour moi par faire écho à son sens. Lui aussi inachevé, lui aussi, une hypocrisie. Car, si au commencement, le Sémite a été créé pour des besoins philologues, il a très vite été détourné et sert souvent un langage douteux et essentialisant. Or, nous ne l’avons pas choisi ce nom dont on nous affuble, par lequel on nous désigne que l’on soit séfarade ou ashkénaze – que ces derniers l’acceptent ou non d’ailleurs.

Pour cette seule raison, il convient de se l’approprier. Il convient de se le répéter:
Je suis sémite. Je suis un Sémite.

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