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Seulement de passage

© Karl Haendel, Sagarika, 2014, pencil and enamel on folded paper, 30 x 88,5 Courtesy Sommer Gallery, Tel Aviv

Direction bureau vers Bastille. Je tente de me faufiler entre les travaux de la chaussée. Bruit insoutenable. C’est alors que Rabbi Horvilleur m’appelle. Je n’entends pas grand-chose seulement les mots « de passage », pile au moment où je suis Passage du chantier. Un sourire s’impose à moi. Mon esprit s’évade sur cette rue pavée, que je pratique au fil des jours. Ce passage tient son nom des ateliers de bois à brûler de l’époque. Aujourd’hui, il reste de cette tradition du bois, des boutiques de meubles. Me revient alors à l’esprit le mythe du Vanuatu où tout homme est tiraillé entre deux besoins, celui de pirogue, de voyager, d’arrachement à soi-même, et le besoin de l’arbre, de l’enracinement, de l’identité. Ainsi, les hommes errent constamment entre les deux, en cédant tantôt à l’un, tantôt à l’autre jusqu’au jour où ils comprennent que c’est avec l’arbre qu’on fabrique la pirogue.

C’est aussi dans le passage d’une vie que l’homme est tiraillé entre deux besoins, celui d’être adulte et de garder son enfance. Dans un passage du chantier intérieur l’enfant se construit en un adulte en travaux permanents, en mouvements, d’un métier à l’autre, pour se créer chaque jour par le passage à l’acte.

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