
Nous sommes en 5780. Pourtant, le fléau qui nous tue est nommé Covid-19, en référence à un autre agenda.
Notre tradition juive est marquante en ce qu’elle offre à l’existence des temporalités bien définies. Il y a le temps présent, passé, futur. Basique. Mais il y a aussi le temps de l’étude, celui de la mémoire et du souvenir, le temps de l’oubli ou de la fête et le temps du repos.
Ces rythmes sont essentiels, comme des battements qui font la vie.
Parce que le confinement a modifié notre espace, il a fatalement modifié notre rapport au temps. La peine et l’ennui ont frappé à la porte de certains, pendant qu’une accélération s’est faite chez d’autres. Mais nous nous sommes tous soumis à une forme de recherche du temps perdu au moment de ce drame planétaire.
Nous avons appris à prendre le temps de faire « avec », « ou plutôt sans » comme dirait Benjamin Biolay. Or, en parallèle, dans notre monde où exister veut dire être visible, il fallait trouver à toute vitesse une pensée à liker, une expression consommable à emporter jusque dans nos confinements: le « Monde d’après » – et, avec lui, la « solidarité » des années quatre-vingt s’est offerte une seconde peau.