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Avant. Après. Vraiment?

Le psychanalyste et philosophe Stéphane Habib invite une écrivaine (Tiphaine Samoyault), un philosophe (Mathieu Potte-Bonneville) et un historien (Patrick Boucheron) à jouer avec ces mots, “Avant” et “Après”, que nous entendons si souvent durant ce temps de vacillement. Avec malice et poésie, voici d’autres regards sur un temps qui trébuche.

© Izhar Patkin, “Don Quijote Segunda Parte” (1987), from the installation “The Wandering Veil” (2014) – www.izharpatkin.com

Stéphane Habib

Il y a, dans la langue, plus d’un mot que nous utilisons avec une sérénité qui, lorsqu’on s’y arrête, ne laisse pas d’étonner. À vrai dire, c’est le cas de presque tous. La psychanalyse en aura eu l’intuition, sans doute, dès sa naissance. En effet, dans la seule et unique règle incombant à celle ou à celui qui décide d’aller parler avec un.e psychanalyste, il s’agit de dire. Et c’est tout. Mais de dire de cette manière singulière que l’on appelle, en français, d’un terme passé dans la langue courante: « association libre ».

Tout le monde connaît ce jeu: jeu de mots, jeu de la langue, jeu sérieux donc : dire tout ce qui passe par la tête. Oui, et c’est vertigineux justement, dire tout, absolument tout ce qui vient à l’esprit. Et alors ? Alors les vocables se cognent, se rencontrent, se contaminent, s’appellent et se répondent, se combinent, se montent les uns avec les autres, s’enchaînent par les sons et déchaînent les sens. 

Comment parvenir à cela ? Freud nous donne le mode d’emploi de ce qui est la condition de toute analyse possible: 

« Votre récit doit différer, sur un point, d’une conversation ordinaire.

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