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Ce que le judaïsme doit à l’islam

Dieu dit à Abraham… l’enfant de la servante deviendra également une grande nation. (Genèse 21,13) – C’est là une allusion à l’avènement de l’Islam. Car d’Ismaël sortiront ceux qui croient à l’unicité du Créateur. *

© Nira Pereg, Abraham Abraham Sarah Sarah, 2012, two channel video installation with sound, duration: 4: 10 min, loop, (still).
Courtesy Braverman Gallery, Tel Aviv

*Commentaire de Rabbi Abraham, fils de Maïmonide et naguid (dirigeant spirituel) du judaïsme égyptien au XIIIe siècle.

Les rapports entre judaïsme et islam s’imaginent aujourd’hui, au pire, comme essentiellement conflictuels et au mieux, comme respectueusement distants. Dans ce papier, je souhaite défendre la thèse que l’Hégire et les conquêtes de l’islam ne furent pas qu’un bouleversement politique pour les nombreux Juifs qui vivaient sur le territoire des califats, mais marquèrent un nouveau début pour le judaïsme, qui en sortit bouleversé.

Cette rencontre fut, en premier lieu, l’occasion d’une révolution paradigmatique dans l’univers juif. Jusqu’alors, les Juifs connaissaient deux catégories religieuses universelles: d’un côté, les Juifs, groupe ethnoreligieux dont la caractéristique affirmée était un monothéisme strict. D’un autre côté, les Gentils, catégorie globale incluant l’ensemble des populations non-juives considérées comme idolâtres. Pour des raisons dépassant le cadre de cet article, le christianisme primitif, associé à Rome, avait lui aussi été catégorisé par les sages juifs comme idolâtre. Avec l’arrivée de l’islam, le judaïsme rencontra, pour la première fois de son histoire, une religion au monothéisme pur – plus pur encore que celui de nombreux Juifs, dira Maïmonide.

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