
Courtesy of the artist and Sommer Contemporary Art, Tel Aviv
La mishna du dernier chapitre de Horayot dresse une liste de préséance digne des carnets de la baronne de Rothschild : le Cohen passe devant le Levi, qui lui-même a la préséance sur un Israël ; un bâtard est préféré à un Gibonite, lequel a lui-même priorité sur le converti, à qui l’esclave émancipé emboîte le pas.
Il ne serait donc question que de rang et de sang. Le mot est tout désigné : yih’ous, ou « pedigree ».
Mais à peine croit-on avoir maîtrisé le protocole que la mishna vient le remettre en question : « Cependant, ces préceptes ne valent que si ces messieurs sont d’égale stature intellectuelle ». Si un sage en Torah se trouve être un bâtard, il prend préséance sur le plus saint des prêtres.
Mais gardons-nous de trop vite célébrer la méritocratie ainsi instaurée : l’histoire – et la mishna – est écrite par les vainqueurs. Et si le prêtre ignorant est ici moqué, c’est pour mieux asseoir le pouvoir d’une élite d’un genre nouveau : les sages de la Torah, ces rabbins dont le statut, s’il n’est pas héréditaire par nature, se transmet souvent de père en fils.