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De quoi pudeur est-elle le nom ?

À trop vouloir valoriser la tsniout, la pudeur féminine et la vertu de la réserve en matière de relations hommes-femmes, ne risque-t-on pas de réduire l’autre, la femme en particulier, à un sexe et d’oublier l’essentiel, son humanité ?

Un souvenir. J’ai 16 ans, j’étudie en binôme une page du Talmud tirée de Kidushin, le traité qui porte sur le mariage juif. Nous sommes un groupe de jeunes étudiants orthodoxes évoluant dans une école de garçons, où la séparation entre les sexes est présentée comme une nécessité juive absolue. Pourtant, nous étudions un traité où les femmes sont constamment présentes en tant qu’objet d’étude. Nous discutons tout aussi bien de la façon dont un homme acquiert (sic) une femme que de la psychologie féminine vue par la tradition rabbinique. Alors que le Talmud est empli de débats, de réfutations et de questionnements, lorsqu’il s’agit des femmes cette tradition devient subitement monolithique. Une femme s’acquiert et si nous doutons un instant qu’il existe une similitude juridique entre cette acquisition et celle d’un bien immobilier, on nous précise que les règles d’acquisition des femmes s’apprennent du parallèle avec l’achat du terrain de Hébron où Abraham enterra son épouse.

Quelques pages plus loin, le Talmud discute des similitudes et différences entre l’acquisition d’une épouse et l’achat d’une esclave, tout un programme.
La psychologie féminine imaginée par les hommes est également étayée. On y apprend que la nature d’une femme est dans la passivité (« La nature féminine est de se laisser acquérir et celle de l’homme est d’acquérir ») et de cette affirmation découle la nature du mariage juif.

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