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Deux façons d’être juif dans la mode

© Susie Vickery – from “On The Melancholy of Tailors” series – www.susievickery.com

L’ÈRE ASHKÉNAZE

L’arrivée des Juifs d’Europe de l’Est à Paris à la fin du XIXe siècle coïncide avec un premier essor de la confection. Depuis la grande « découverte » (d’après les mesures des soldats pour les uniformes) que les tailles humaines se ressemblent et que l’on peut fabriquer les vêtements à l’avance pour les corps anonymes, la confection de vêtements en série s’organise, d’abord pour les hommes, ensuite pour les femmes. Une nouvelle mode de production et une division de travail par la sous-traitance et les petits ateliers va permettre à maints groupes d’immigrés d’investir cette petite industrie. Elle a besoin d’une main-d’œuvre flexible; les immigrés ont besoin de travailler rapidement; les seuils d’entrée en capital et en savoir-faire sont relativement bas, et le recrutement se fait à travers des réseaux de compatriotes. On peut travailler entre soi, dans sa langue, chômant ensemble au moment des fêtes. Des vagues d’immi- grés successives vont s’y mettre1.

Dans les années 1840, environ 40 % des tailleurs parisiens étaient déjà étrangers, originaires d’Allemagne, de Hongrie et de Pologne, bien que la plu- part de leurs ouvrières fussent françaises2 .

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