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Eau de vies

© Hava Zilbersteinwww.havazil.wixsite.com

« JE ME SOUVIENS »

Cette inscription qui orne les plaques d’immatriculation des voitures de Montréal et que l’on retrouve gravée au frontispice de ses beaux bâtiments, m’a toujours marquée. Si cette invitation à la commémoration, presque injonctive, relève là-bas d’un devoir citoyen, politique, et d’une histoire qui n’est pas la mienne, celle-ci m’avait déjà plongée plusieurs fois en introspection. Trois mots qui ont la forme d’une porte, large et solennelle, appelant, dans mon cas, à un retour conscient vers ce que l’on a été et vers ce soi nourri de ses expériences passées. Ce que l’on voudrait être aussi, ce à quoi l’on rêve – comme ça, en se l’avouant à demi-mot, les yeux plissés d’espoir et de crainte de choquer sa propre modestie. Alors on repense à tous ces défis que l’on s’est lancés, qu’ils soient pour une nuit, pour les amis goguenards, pour des semaines, pour une vie. Guidés par l’orgueil, par le goût du risque. Par la soif de connaissance, non pas intellectuelle, mais celle impalpable de nos limites. De qui l’on est, et de jusqu’où l’on est.

Je me souviens. Un soir à Barcelone, où mineure, je buvais des vodkas glace à la chaîne, toutes d’un trait, juste pour impressionner et me sentir grandie.

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