Édito :  LA JUSTICE, LA JUSTICE TU POURSUIVRAS*

L’édito du numéro hors-série Yom HaShoah 2018.


צדק צדק תרדף *
(DEUTÉRONOME 16, 20)

Ce verset biblique est souvent invoqué pour exprimer l’attachement puissant de la pensée juive à la notion de justice. Et toujours, les commentateurs se demandent comment comprendre ce qui ressemble à un bégaiement du verset : justice justice… De quoi la redondance des termes témoigne-t-elle ? S’agit-il simplement de mettre l’emphase sur le sacré de cette quête, ou bien de distinguer la justice de la revanche ? Non, répond Nahmanides, commentateur espagnol du XIIIe siècle :
« Tu poursuivras la justice au tribunal, et tu œuvreras à la justice au quotidien, dans chacune de tes actions. »

Mais que peuvent signifier cet ouvrage et cette quête dans le monde, après la Shoah ? Comment poursuivre la justice après la catastrophe, quand son éclipse fut si totale ? Depuis la fin de la guerre, c’est ce qu’ont su entreprendre ceux qui instaurèrent les tribunaux de la Shoah et les procès des assassins, ceux qui entreprirent de collecter les données et de penser l’(im)possibilité de réparations matérielles ou morales après la tragédie, ceux qui choisirent de témoigner et de transmettre, par le récit, la parole, l’écriture ou le dessin, ceux qui refusèrent de tolérer la plus grande des injustices : l’oubli.

C’est à ces justiciers que ce numéro de Tenou’a rend hommage, à leur parcours et leur combat qu’il nous revient dorénavant de poursuivre.

Nous sommes très heureux que Tenou’a ait été choisie par Véronique Cabut pour présenter, pour la première fois depuis trente ans, les dessins réalisés par Cabu lors du procès Barbie.