L’enjeu majeur de l’endogamie juive est ce qu’on appelle la « continuité juive ». Pour faire simple, il s’agit de ne pas dissoudre la judéité dans la globalité, de maintenir la singularité juive pour éviter la disparition du judaïsme comme culture, comme religion ou comme peuple.
Ici encore, si l’enjeu semble être à peu près consensuel, ses nuances et ses réponses sont multiples. Pour nombre de Juifs, la judéité est une ethnicité; pour d’autres, elle est une culture; pour d’autres encore elle est une religion; et pour un très grand nombre elle est un peu tout ça. Mais répondre aux continuités ethniques, culturelles et religieuses appelle des stratégies non seulement différentes mais qui souvent s’opposent entre elles.
Dans une vision ethniciste de la continuité, ce qu’il faut préserver, c’est le sang, la « pureté », la lignée, en évitant au maximum la contamination exogène: la solution la plus simple consiste donc à exclure la part contaminée du peuple (et à empêcher, autant que possible, la conversion du conjoint non juif).
Dans une perspective culturaliste, c’est presque l’inverse: il faut retenir à tout prix le membre du groupe, quitte à inclure leur partenaire exogène, pour éviter la disparition d’une culture.
La conception religieuse, elle, poursuit un but encore radicalement autre: éviter surtout la transgression de la Loi qui, très souvent, ne vient pas de l’extérieur mais bien de l’intérieur du groupe.
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