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Entretien autour du film “M”

M, le dernier film de la réalisatrice Yolande Zauberman, est une plongée dans la terrible histoire de Menahem Lang, hazan et comédien issu du monde haredi au sein duquel il a subi, enfant, de multiples viols. Entretien.

Vous accompagnez Menahem dans ses réflexions et efforts de reconstruction. La photographie du film, la langue yiddish vivace, les lieux, sont splendides. Comment concilie-ton beauté de l’image et de la langue avec une telle noirceur?
L’idée du film est de chercher la lumière dans la noirceur. Je suis rentrée dans ce monde interdit à travers une blessure, celle de Menahem. Cette blessure me préservait de toute idéalisation. J’ai pu alors laisser parler tout mon amour pour ces hommes qui ressemblaient à mes ancêtres, filmer la sensualité de ce monde hassidique dans la nuit de Bnei Brak. Je vivais un rêve et un cauchemar dont la langue était le yiddish.

Au cours des conversations que vous filmez, Menahem dira notamment : « petit, on m’a fait payer très cher ma beauté ». Il parle de sa beauté physique et de celle de sa voix. Après avoir passé tout ce temps avec lui, croyez-vous que la beauté de Menahem a causé son malheur ?
Il est vrai que tous ces garçons violés que l’on voit dans le film sont très beaux. Et ils le deviennent de plus en plus car là, avec nous, ils sont au centre de leur histoire. On a un pacte tous ensemble : aborder tous les thèmes sans tabou, le fantasme, le plaisir… Ils ne se sentent jamais jugés, ils comprennent très vite qu’ils ne participent pas à une chasse aux sorcières mais à un dévoilement.

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