
En hébreu, « addiction » se dit hitmakrout « se vendre soi-même ». Or l’idée de vente est intimement liée à l’esclavage qui, pour nos ancêtres, commence dans le récit biblique par la vente de Joseph par ses frères. L’addiction est un esclavage dont il faut s’arracher comme nous nous sommes arrachés à l’Égypte. Il faut en sortir ! Il existe même un interdit d’y retourner, comme pour l’ancien drogué toujours menacé de rechute.
Il va donc sans dire que le judaïsme voit d’un bien mauvais œil la privation de la liberté élémentaire de pouvoir dire non et de se tenir à distance d’un besoin factice qui nous aliène. Sans cesse, la pratique juive nous place face à la nécessité de choix entre le permis et l’interdit, à la nécessité de faire la différence, de distanciation et d’autodiscipline et cela aussi bien dans la pratique qu’au niveau des idées.
Il est des addictions dures, véritables pathologies dont le détachement requiert une aide professionnelle et d’autres, bénignes, dont nous n’avons parfois pas même conscience – comme il est pénible le matin des jours de jeûne sans l’habituel petit café…
On peut être dépendant à toutes sortes de choses : aux drogues les plus diverses et plus ou moins fortes et addictives, dont font partie le tabac et l’alcool ; à des comportements négatifs, à la violence, au sexe, à des pulsions diverses qui ne sont parfois que de simples tics ; mais aussi à des addictions cognitives, à des idéologies, des forums, certains réseaux sociaux et pire : des sectes en tout genre.