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La mère d’un cri

L’an prochain en silence

© Noa Yekutieli, We Are All a Part, 2011, Manual paper-cutting, 50 x 65 cm
noayekutieli.com – Photo credit: Studio Shuki Kook

Je resterai là.
Fossilisée
La diaspora dans ma cuisine
Les orteils comme des chenilles recroquevillées sur le carrelage froid
Du thé calcaire, le sachet collé à la paroi.
Devenir vieille. Une belle vieille.
Une vieille figue.
Ne plus penser

N’être plus qu’une petite cuillère qui martèle
Une mouche qui frotte ses pattes crasseuses l’une contre l’autre
Être détestable, égoïste, décevante
Un coquillage inhabité.
Être un sourire qui ne sourit plus, une main molle, des épaules lâches.
Ne plus penser
Ne plus penser
Ne plus penser
Être un bloc de glaise que personne ne sculpte
Une chanson que l’on ne fredonne plus.
Être un cœur que l’on grille
Pas plus.
Une brochette
Un méchoui.

Je serai un mystère.
Un nœud coulant, peau de tambour lacérée.
Je serai la colère. Une pelure de fruit qui se tortille.
Je serai un ramassis de clichés.
Je serai en vacances.
Je serai une théière ventrue, un stylo qui fuit, un chien qu’on abandonne.
Je serai un pull râpé aux coudes, une chaise bancale
une lettre d’amour déchirée
Un arbre sans sève.

Être l’incompréhension, la banalité, la bêtise.

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