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La tunique de Pharaon

« Et Pharaon ôta la bague de sa main et la mit à celle de Joseph, Puis il le revêtit d’un habit de byssus et plaça sur son col un gorgerin d’or. » (Genèse 41,42)

© Lili Almog, “Drawing Room #15”, from the series “The Space Within” – www.lilialmog.com

Je ne compte pas les fois où, adolescent, j’ai pleuré aux retrouvailles des fils d’Israël, frémi (aussi séduit, peut-être, que le héros lui-même) devant les avances de l’Égyptienne – et frissonné lorsque le roi confiait ainsi son pouvoir au jeune Hébreu à peine libéré de sa geôle. L’histoire de Joseph forme un véritable petit roman, ou une longue nouvelle, dont l’ordre et la cohérence d’origine nous sont quelque peu voilés par le travail final de rédaction: cette scène, située à peu près à la fin du premier tiers du récit, est celle de la seconde libération de Joseph (confiné, comme la première fois, dans un « gouffre », בור ;(elle inaugure la troisième partie de son existence, celle où il exercera le rôle de vizir et pourra à la faveur de ses prestigieuses responsabilités, se réconcilier avec ses frères et revoir son père. À chaque fois, c’était ce même moment qui concentrait toute mon ardeur: le transfert, non seulement de la puissance, mais encore, en un geste sublime d’archaïsme, de l’égyptianité, par la parure, à l’étranger, au Sémite naguère infâme et délaissé.

Les fresques égyptiennes nous renseignent sur les vêtements que portaient dans le delta du Nil les très nombreux travailleurs asiates ou levantins, venus de Canaan et de Syrie et établis là du Moyen au Nouvel Empire.

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