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Le conflit de la Loi et de l’amour

PRÉAMBULE
La question du mariage mixte est, doit être, une question douloureuse. Sauf pour qui a déjà acté que l’assimilation, la dissolution, la porosité, était le devenir final et naturel du peuple juif, c’est une question qui se pose, sans honte. Pour le Juif orthodoxe, c’est pourtant une question aporétique. Il a bien une réponse, simple, tranchante, claire comme peut l’être une règle de droit, mais cette dernière est bien souvent indicible et inaudible selon les paradigmes éthiques de l’époque. Cette réponse est aussi fragile à plusieurs égards : elle a vite fait de se grimer en sa propre caricature et se teinter de vulgarité, d’indécence, voire de racisme. Et puis, elle va à contre- courant de la réalité statistique à qui elle oppose une voix faible, celle du sermon qui n’est plus incarné par une existence. En un mot, le mariage mixte constitue la pierre d’achoppement de l’universalisme juif. Toutes les tentatives apologétiques de prouver que le judaïsme était bien un universalisme se sont heurtées à cette limite concrète. Vouloir subsister en tant que peuple, en tant que groupe, c’est-à-dire en tant que groupe distinct des autres, c’est faire passer les contorsions philosophiques des semi-habiles pour ce qu’elles sont : de bancales constructions conceptuelles.

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