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LE MESSIE DES JUIFS, LE MESSIE DES CHRÉTIENS

ENTRETIEN AVEC LE RABBIN LAWRENCE A. HOFFMAN

Propos recueillis par Brigitte Sion

Brigitte Sion Le Messianisme constitue l’une des différences fondamentales entre Judaïsme et Christianisme. Comment cela se reflète-t-il dans le dialogue interreligieux ?

LH Tout dépend de ce qu’on entend par dialogue. D’autant que, si le messianisme nous divise, il nous réunit également: c’est une idée que nous avons en commun, quelles que soient nos différences d’interprétation. Au Moyen-Âge, nous n’avions pas de dialogue mais plutôt des disputatio. Les chrétiens, qui détenaient tout le pouvoir, utilisaient alors le judaïsme à leurs fins, convoquant les rabbins à de faux débats dont le vainqueur était déterminé à l’avance.
La modernité a changé cette donne par l’introduction de la laïcité. Avec le déclin du pouvoir de l’Église, le pluralisme religieux est devenu possible et la disputatio est devenue dialogue – dialogue qui toutefois advint en deux temps. D’un point de vue culturel, le monde occidental demeurait longtemps encore chrétien, de sorte que les juifs, quoiqu’ils fussent assurés de leurs droits civiques, continuaient de se sentir obligés de se justifier face au christianisme. À cette époque, les rabbins décrivaient souvent un Jésus prophétique, parfois même comme le plus grand des prophètes juifs. Ils cherchaient à démontrer la haute considération juive pour le christianisme mais s’arrêtaient net devant à la seule chose qui comptait réellement pour les chrétiens: Jésus comme Messie.

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