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Grand entretien avec Danny Trom : Le reste des juifs d’Europe

À l’approche des élections européennes qui se tiendront le 26 mai en France, Tenou’a a voulu rencontrer le sociologue Danny Trom. Le rabbin Delphine Horvilleur et le philosophe et psychanalyste Stéphane Habib ont conversé avec l’auteur du récent La France sans les Juifs – Émancipation, extermination, expulsion (PUF, 2019) autour de ce livre qui aurait aussi bien pu s’appeler « Le reste des Juifs d’Europe ».

Tenou’a Votre livre a une particularité : quoi qu’il soit intitulé La France sans les Juifs, la question de la France en tant que telle occupe une quinzaine de pages, la suite y est consacrée à celle de l’Europe et des Juifs. À le lire attentivement on comprend que, selon la thèse que vous soutenez, la France est un résidu de l’Europe pour les Juifs. Et il s’agit d’un reste au sens du rebut, du presque-rien : le reste du reste.

Danny Trom Le problème ce n’est pas tant les Juifs en Europe que le fait juif en Europe : c’est une forme de composition entre les Juifs et la société dans laquelle ils vivent, c’est-à-dire une contribution. Et cette contribution, je pense qu’elle est terminée. Il restera peut-être quelques Juifs, mais la séquence qui était s’achève. Historiquement, la plus grande concentration de Juifs se trouvait en Europe de l’Est. L’émigration a débuté dès avant la Première guerre mondiale et les seuls Juifs qui avaient survécu en Europe centrale sont ceux qui avaient fui en URSS. Puis les portes se sont ouvertes et tous sont partis. Après la Deuxième Guerre mondiale, les survivants étaient rassemblés dans les camps de transit ; ils sont tous partis.

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