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Les cigares de Sigismund

Outil indispensable de son élaboration intellectuelle, artefact rituel de sa pratique analytique, symbole transmis comme un requis au cercle des interlocuteurs, le cigare de Freud est consubstantiel de la naissance de la psychanalyse.

© Eran Shakine, Sigmund Freud, 2015, Bronze with Polished Black Patina and Stainless Steel, h 175 cm

La photo est connue, presque autant que le portrait de Che Guevara saisi par Alberto Korda en 1960, celui d’Abraham Lincoln par Matthew Brady cent ans plus tôt ou encore le regard manifestement courroucé de Churchill capturé par Yousuf Karsh en 1941. 

En 1921, Max Halberstadt photographie de trois quarts un homme au crâne clairsemé mais parfaitement peigné, raie sur le côté gauche. La barbe blanche est fournie quoique courte et ordonnée. Le regard est soutenu, sombre, l’œil droit légèrement moins ouvert que le gauche. 

L’homme porte un costume trois pièces élégant sur une chemise blanche amidonnée à boutons de manchettes. De la poche du gilet sort la chaîne d’une montre à gousset reliée au deuxième bouton. La main gauche est posée sur la hanche et, dans la main droite, un cigare est allumé entre l’index et le majeur. L’homme, c’est Sigmund Freud, dit « le père de la psychanalyse ». S’il n’a pas le regard agacé de Churchill, c’est que, contrairement à ce dernier, il n’a pas été privé de son cigare par le photographe pour le temps de la pose. Sur d’autres photos, on verra souvent Freud avec des lunettes rondes cerclées, mais quasiment jamais sans son cigare. 

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