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Retour ?

Le voyage est un trajet dont on saisit parfois confusément l’origine et la destination. Et si la psychanalyse interrogeait son objet autrement ? Et si le voyage était avant tout un élan pour tenter de retrouver,
de retourner ?

© Andi Arnovitz, From the Rising series, 2018 – https://andiarnovitz.com

On me dira que je commence par la fin. Le voyage serait un aller vers un ailleurs, le retour n’en serait que le moment de l’achèvement. Pourtant, on peut aussi voir les choses autrement. L’an prochain à Jérusalem, dans le berceau du peuple juif. L’aller lui-même serait alors tentative de retour, de retrouvaille avec une origine perdue. Je vais donc commencer par là.

C’est la question que la psychanalyse traite sous le terme de l’objet perdu, dont la perte structurelle, ontologique, est moteur du désir de chacun. On pourrait présenter les choses sous forme de fiction : l’enfant à naître fait un voyage, qui le mène en un lieu nouveau, dont il ne sait rien sinon qu’il est poussé à y aller. Ce lieu nouveau, où il rencontrera autrui et se constituera dans ce lien premier, sera celui de sa naissance comme sujet, mais aussi de ses premières expériences de douleur et de perte. Sa vie entière, l’homme ou la femme qu’il deviendra cherchera à retrouver quelque chose du lieu perdu de son origine. Ce lieu inaccessible, il ne pourra l’imaginer que sous la forme d’un ailleurs. Tout voyage serait alors tentative de retour, par rapport à ce premier aller, ayant éloigné l’enfant du paradis originel.

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