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Soigner avec les yeux

À l’image de la couverture de ce numéro de Tenou’a, que ferons-nous de notre regard maintenant que nous pouvons à nouveau le poser sur le monde ? Saurons-nous le rendre constructif et non destructeur?

© Nadav Naor, Untitled, 2015 – Courtesy Gordon Gallery, Tel Aviv

Depuis des semaines, je relis le même épisode du Talmud. La légende est célèbre: c’est celle d’un homme qui vivait au deuxième siècle de notre ère en Galilée et avait pour nom Rabbi Shimon Bar-Yoh’ai. Accusé par les autorités romaines de trahison et menacé de mort, il se réfugia dans une grotte et y vécut avec son fils, douze années entières, sans aucun contact avec le monde extérieur. Immergés tous deux dans la Torah, de jour comme de nuit, ils sont le modèle talmudique du plus grand confinement. 

Le texte affirme qu’après douze ans d’enfermement, tous deux se « déconfinèrent », pleins de sagesse et d’espoir. Mais au dehors, en constatant que le monde vaquait à ses occupations profanes et délaissait l’étude, tous deux furent pris de colère. Et celle-ci enflamma littéralement leur regard, devenu incandescent. Partout où leurs yeux se posaient, le monde prenait feu. 

Une voix céleste hurla alors: « Si vous êtes sortis de cette grotte pour détruire mon univers, retournez-y immédiate- ment ». C’est ainsi que le sage et son fils connurent une seconde vague de confinement, avant d’être autorisés, un an plus tard, à revoir la lumière du jour.

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