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#temps mort

L’an 40

Dans quarante ans, serai-je âgée ? Serai-je une grande vieille un peu tassée ? Serai-je encore vivante et ridée, serai-je passée ? Lesquels de mes défauts se seront le plus accentués ? Aurais-je encore un cœur ? Des espoirs ? Rirai-je tous les jours ? Qu’est-ce qui s’avérera avoir disparu de moi, à côté de moi, en moi ? Tout est-il voué à changer, à s’appesantir, à s’en aller ?
Serai-je toujours moi ?
Serai-je toujours moi, et dans quel monde ?

Car le monde sera toujours le monde, le monde fera toujours monde. Et nous serons tous obligés d’y rester, d’y vivre, d’y subsister. Et d’y être humain, du mieux possible. Comme je serai toujours obligée de m’habiter moi-même.

Quarante ans, c’est tellement loin et si vite arrivé. D’ordinaire, je me refuse à me projeter dans un tel en-avant car, pour être tout à fait honnête, cela m’angoisse : tout peut advenir, et tout peut disparaître, nous laissant seuls face à notre mémoire et, derrière les yeux, des souvenirs de ce qui a été, de ce qui n’est plus. Ne pas chercher à trop imaginer ce que pourrait être le futur, c’est aussi vouloir s’ancrer dans le présent et s’y incarner pleinement en ayant assez de confiance en nous-mêmes pour se dire que l’on saura faire face quand il nous le faudra, comme tous ceux qui nous ont précédés, avec plus ou moins de succès.

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