
Offenbach am Main, 2021 – Photo : Jessica Schäfer – www.ellaponi.com
Nous sommes le samedi 3 février 2063. La vieille chanteuse se réveille et tente péniblement de se lever. Elle se souvient soudain que c’est le jour de son anniversaire et se hâte de l’oublier. Elle se rappelle que c’est en ce jour qu’elle doit chanter au grand banquet annuel des Sociétés juives de France enfin unies, « ni droite ni gauche » étant leur slogan préféré. Elle réfléchit à son itinéraire car c’est une grande angoissée qui a toujours peur d’être en retard. Elle prendra la rue Proste gas (anciennement rue Ordener), déboulera boulevard Shabes Tepl (anciennement boulevard Sébastopol) et arrivera enfin rue Kalte zokn (anciennement rue Basfroi) où se trouve le sublime centre culturel yiddish à l’architecture futuriste, d’une modernité flamboyante. Elle prendra sa bicyclette évidemment, une bicyclette pour vieux.
Elle pénètre enfin dans le sublime local, acclamée par une foule énorme de jeunes gens joyeux mais respectueux, tellement heureux de voir enfin leur idole, « l’idole des jeunes ». Les décorateurs diplômés ont transformé l’immense salle en shtetl rutilant, une sorte d’idéal de shtetl, comme dans un rêve.