
« BETSALEL? »
« BETSSSSALEEEL… »
« BETSALEL…! »,
lui susurre une voix enjouée et taquine. Lui n’entend pas, il n’écoute pas. Un pli, droit comme un i entre ses deux sourcils, indique qu’il n’est pas là. Il crée. Il façonne. Il imagine en découpant le bois d’un geste vif, il cherche une beauté qu’il ne voit que dans son esprit. C’est à elle qu’il parle, il la chasse entre deux copeaux qui tombent.
« Bestsalel ! » – s’agite la voix. Le pli du front s’estompe quand ses sourcils s’arquent au plus haut. La main s’arrête, laissant la poussière de l’ouvrage se poser au sol. Il lève la tête, cherche la voix du regard, ne la trouve pas…
« Betsalel, sors donc de tes travaux un instant pour l’amour de Dieu! car Dieu t’a choisi. C’est à toi, fils d’Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda, qu’il incombe de construire sa demeure parmi les vivants. Le Tabernacle, le Saint des Saints… Vie de palace pour l’Éternel, tu es son serviteur, son maître d’Autel ! À toi! » s’esclaffe la voix. Elle rit dans ses intonations précipitées, elle ajoute, goguenarde: « Moïse a dit… Attends, il a dit… que je me souvienne bien… Il a dit que Dieu t’avait donné de l’intelligence et de la sagesse, toi l’habile!