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Bien dans sa peau

La tunique de Joseph est certainement l’un des vêtements les plus emblématiques des textes juifs, intimement liés aux destins multiples du fils de Jacob.

© Orly Cogan – “Behind The Mask” 2019, Hand stitched embroidery, appliqué, vintage quilt.
www.orlycogan.com

En hébreu, le vêtement se dit begued – בגד – une racine dont découle également le mot trahir (bagad); le manteau s’appelle méïl, découlant de maal (מעל ,(la tromperie. Les tissus qui couvrent nos corps expriment ainsi notre conscience d’être perçus par autrui, tout comme notre capacité à tromper autrui en nous faisant passer pour ce que nous ne sommes pas. De même, en s’identifiant à l’habit que lui confère son rôle ou son rang social, l’humain peut en arriver à se trahir en s’identifiant, se résumant, à ce tissu qui le recouvre.

Pouvons-nous être ce que nous sommes malgré nos vêtements ou sommes-nous condamnés à n’être que ce morceau de tissu qui orne ma tête, qui couvre ou découvre mes jambes ou qui me confère tel ou tel rôle social? C’est autour de l’histoire de Joseph que la Bible et le Midrash questionnent le vêtement et notre capacité à s’en émanciper.

Une des premières mentions bibliques de Joseph lie irrémédiablement son destin à ses habits: « Israël aimait Joseph plus que tous ses autres fils, parce qu’il l’avait eu dans sa vieillesse; et il lui fit une tunique de passim »1.

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