Delphine Horvilleur Je voudrais débuter par une anecdote : j’ai eu la chance, il y a quelques années, de donner un cours à Saint-Cyr devant des militaires, et on parlait ce jour-là de leadership. Je m’apprêtais à leur présenter toute ma théorie selon laquelle un leadership fort dépend d’une bonne capacité à douter et se remettre en question, lorsqu’un des généraux qui étaient présents a pris la parole avant moi pour dire : « Un bon leadership, c’est une capacité à ne surtout pas douter ». Il avait, en une phrase, totalement balayé mon intervention. Je voulais commencer par là : d’après vous, un bon leader est-il quelqu’un qui doute ou quelqu’un qui ne doute pas ?
Éric Danon Un bon leader, c’est quelqu’un qui doute fortement à l’intérieur mais qui ne doit pas douter devant les autres. Évidemment, le leader doit douter, à la fois parce que cette introspection va lui permettre de sentir les choses, de comprendre la situation, mais surtout de pouvoir se remettre en question à tout moment pour s’adapter à une situation mobile. En revanche, il est vrai que douter devant les autres peut faire perdre la capacité d’entrain qui est nécessaire au leadership, parce que le leadership, c’est d’abord entraîner les autres vers un objectif.