
Delphine Auffret Vos derniers livres ont une marque de fabrique, une construction particulière. Sociologie et récit personnel se superposent. Comment est-ce que vous travaillez ?
Ivan Jablonka Je suis heureux qu’on ait du mal à définir mes livres parce que je pense que les sciences sociales d’un côté, la littérature de l’autre étouffent sous les étiquettes, les catégories, les écoles et les académismes. Pour échapper à cet étouffement, j’ai essayé de travailler à la frontière de plusieurs genres. Donc ce livre est une biographie sous forme de sociohistoire. C’est aussi une autobiographie collective puisque je parle de nos années Goldman. C’est cette lettre d’amour que je n’ai jamais envoyée. Et enfin, c’est un travail littéraire qui tente de renouveler les formes des sciences humaines. Ça, c’est mon ambition et, bien sûr, seuls les lecteurs peuvent dire si j’ai réussi ou pas.
DA Fallait-il une forme nouvelle pour un sujet que beaucoup d’entre nous ont en partage ?
IJ Pour le dire autrement, j’essaye d’inventer à la fois des objets nouveaux et des formes nouvelles pour en parler. Je ne suis pas le premier à écrire sur Jean-Jacques Goldman mais en en tant qu’historien, je suis un des tout premiers à parler de la pop culture.