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LA MORT AU TEMPS DU CORONA

Depuis son enfance, Sally Berkovic côtoie les morts. Née en Australie de parents slovaques survivants de la Shoah, elle a grandi sans grands-parents. Sa mère, son père et son frère sont morts soudainement à un âge encore jeune. Dans un livre intitulé Devoirs mortuaires :
La société funéraire juive Hevra kaddisha, publié en anglais en 2022, elle fait dialoguer son expérience de la mort avec son engagement au sein de la Hevra kaddisha de sa communauté orthodoxe de Londres où elle vit et travaille depuis une trentaine d’années.

La Hevra kaddisha, est un groupe de bénévoles juifs qui se charge avec discrétion de la toilette mortuaire (tahara) avant l’enterrement du défunt.

Nous reproduisons ici la section qui traite de la mort et des rituels funéraires juifs pendant la pandémie du Covid, ainsi qu’un appel vibrant aux Juifs afin qu’ils s’engagent dans une Hevra kaddisha et accomplissent ainsi la mitsva revêtant le plus d’abnégation puisqu’ils ne peuvent être remerciés.

 

Textes choisis et présentés par Brigitte Sion

Le coronavirus a bouleversé nos routines. Il a entraîné des maladies prolongées, parfois mortelles, du chômage, des familles fracturées, une santé mentale compromise et il a fermé les frontières. Lorsque le verrouillage a été annoncé, la Hevra kaddisha a demandé à ses membres de plus de 70 ans et/ou à haut risque, de rester à la maison. Alors j’ai été mise en congé – mon pontage m’a rendue vulnérable – et je dois attendre de nouvelles consignes pour savoir quand je pourrai à nouveau emprunter l’autoroute jusqu’au cimetière.

La pandémie sera définie par la façon dont nous avons vécu en ligne et restera inévitablement dans nos mémoires pour la façon dont nous avons pleuré en ligne. Toutes les routines de la mort ont été bouleversées.

La technologie a été déployée à chaque rituel : tandis que les funérailles ont été diffusées en direct, les visites de shiva [temps de deuil] en ligne sont devenues de rigueur et les rabbins se sont demandé si un service de prière en ligne constituait un minyan halakhique pour dire le Kaddish. Le Yahrzeit, l’anniversaire annuel où beaucoup recherchent le réconfort d’un minyan pour dire le Kaddish, même s’ils ne sont pas des habitués des synagogues, a été suspendu dans de nombreux endroits.

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