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Retrouver les gradins

L’an prochain au théâtre

© Andi Arnovitz, Prayer alone, 2013 – https://andiarnovitz.com

J’habite à cinquante mètres du théâtre de la Colline, à Paris. Pendant des mois, la frustration a été intense. À chaque fois que je passais devant sa grande façade de verre, mon cœur se serrait un peu. Tous ces spectacles interrompus. Tous ces visages qui ne s’éclairaient plus. Tous ces voyages avortés.

Non content de clouer nos corps sur place, cette saleté de virus aura aussi voulu enchaîner nos imaginaires. Finies les histoires, goodbye conteurs et conteuses, adieu comédiens, musiciens, magiciens qui pendant près d’un an ont cessé d’arriver, nous laissant rivés à la grisaille de notre quotidien.

Pendant ce long hiver dont nous sortons à peine, j’ai eu le sentiment que mon univers mental rétrécissait. Bien sûr, il y avait les livres. Bien sûr, il y avait Netflix. Mais dans ce monde asséchant où la distance s’était imposée comme nouvelle norme, la présence des corps et des voix, l’intimité du lien, la vérité de la rencontre que seul permet vraiment le théâtre me manquaient peut-être encore un peu plus que tout le reste.

Car avec la fermeture des théâtres, c’est la plus belle partie de notre humanité qui a été mise sur pause.

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