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Se raconter des histoires

Rien n’est plus particulier à l’humain que cette formidable habilité à construire des récits, à bâtir des narratifs et à les transmettre.
Ce sont ces récits qui tissent les liens et, souvent, définissent largement notre façon de percevoir le monde.

© Alma Itzhaky, Figurine, 2016 – www.almaitzhaky.com

On a longtemps cru que le propre de l’Homme était de posséder le langage, mais la science nous a montré qu’il n’en était rien. À leurs manières, bien des espèces animales « parlent » et communiquent avec efficacité, dans une langue qui leur est propre.

On a aussi pensé que seuls les humains organisaient des rites funéraires mais les cimetières d’éléphants nous ont vite détrompés.

Et puis, on a dit que le rire était notre spécificité, mais il est maintenant prouvé que nous partageons avec d’autres espèces cette capacité. J’ai lu que certains primates étaient même capables de se faire des blagues, et disposaient d’un sens de l’humour incontestable.

Que reste-t-il aujourd’hui d’un proprement humain ? J’ai fini par me convaincre que si notre espèce dispose d’une spécificité, elle est à chercher du côté de notre capacité à raconter des histoires à d’autres, et à nous en raconter à nous-mêmes. Yuval Noah Harari dans son célébrissime Sapiens ne dit pas autre chose. Il écrit notamment avec beaucoup d’humour qu’on « ne peut pas convaincre un grand nombre de chimpanzés de se réunir pour construire une cathédrale ou partir en croisade en leur promettant que ce faisant, après leur mort, ils vont aller au paradis des chimpanzés et là, ils recevront beaucoup de bananes ».

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