
C’était un professeur de mathématiques hors norme.
Un de ceux qui vous font aimer les maths en les considérant comme un jeu d’adresse. Il venait à la maison pour ma sœur, pour mon frère et pour moi. Un jour, alors que nous corrigions un exercice de démonstration, il me dit : « Tu as deux chemins pour réussir cet exercice. Un premier chemin académique, qui correspond à ce que l’on attend habituellement de toi dans cette situation. Et puis tu as un deuxième chemin, qui sort des sentiers battus, mais qui marche, et qui selon moi est beaucoup plus élégant. »
Il m’avait alors fait la démonstration en quelques lignes et en quelques schémas, lorsque j’avais noirci une copie double pour la version académique. J’étais resté bouche bée, appréciant son talent, et ce cours était resté gravé dans ma mémoire.
Il m’en était resté de vrais enseignements durables :
– L’élégance existait, même en mathématique ! Trouver le résultat n’était pas tout. Le chemin emprunté pour l’obtenir était tout aussi important.
– Sortir des sentiers battus était possible, voire positif. Le lycée, que je voyais jusqu’alors comme un lieu normatif, ne pourrait pas me le reprocher, pour autant que j’arrivais au résultat attendu.