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Utopies intimes

L’an prochain en utopie

  © Eldar Farber, Beresheet Forest (Yarkon, Tel-Aviv), 2019, Oil on Canvas Mounted on Wood, 24X29 cm
Courtesy of the artist and Alon Segev Gallery

Je ne hais pas tout à fait les voyages ni les explorateurs, pour pasticher l’incipit de Tristes tropiques ; à dire vrai je n’en raffole pas non plus. Quand il est question de partir, ne serait-ce pas bien loin, il faut user de patience pour me convaincre. Je me trouve assez bien, calé dans mon fauteuil, à mon bureau. Je suis d’un casanier à faire enrager mes proches. Certes, une fois sur la route, je ne suis pas toujours mécontent qu’on m’ait forcé la main. Si je rechigne devant les embarras des préparatifs, des bagages à boucler, si cette petite logistique fébrile des départs me fait regretter la quiétude du sédentaire, je ne me plains pas, le plus souvent, de m’être laissé faire. « Tu vois que ça valait la peine ! ». J’acquiesce en bougonnant ; se pourrait-il que je sois heureux ? Quelque chose se serait-il soudain ouvert ? Je crois qu’au revers de ces considérations, insiste l’ambivalence de mes utopies intimes ; elles valent au-delà de moi, il me semble.

Je ne suis pas grand voyageur, on l’aura compris.

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