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Vers Sion

L’an prochain en partance

© Gregor Hildebrandt, Die Grosse Uberfahrt, 2018, Inkjet print and plastic boxes in wooden crate, 159 x 111,5 cm
Courtesy: Sommer Gallery For Contemporary Art, Tel Aviv

J’ai rêvé comme vous, 
j’ai rêvé de voyages.Et d’abord de lointains autrefois parcourus. D’Équateur, de Brésil, d’Inde et de Birmanie, et puis d’Afrique australe. J’ai rêvé de volcans, de montagnes sauvages, de forêts, de savanes. J’ai rêvé d’Italie. J’ai rêvé de la mer, proche, au pied de la falaise. Et du bruit des galets, emportés par la vague. J’ai rêvé comme vous. Et je me suis lassé. Le monde était petit, il me semblait partout le même. Abstrait, et vide.

Je me suis donc assis, le dos tourné à la fenêtre, j’ai oublié jusqu’au ciel, et j’ai fermé les yeux. Je me suis enfoncé dans la nuit. J’ai rêvé d’autre chose. Non point d’aller là-bas, mais juste de partir. Et j’ai rêvé de ports, de bateaux et de trains, de quais et de nuages. J’ai entendu le bruit de l’eau et les moteurs grondants. J’ai senti sous mes pieds le sol se dérober. J’allais sans savoir où. J’allais et c’était tout.

Dieu, comme à d’autres, me disait : Va ! Comme d’autres avant moi, j’avais sanglé mon âne, j’avançais dans le noir, ma jambe se blessait au muret du chemin.

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